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Régler le problème phytosanitaire en Guinée

La production agricole très prometteuse de la Guinée est mise en péril.

La Guinée regorge d’importantes potentialités agricoles, raison pour laquelle le secteur agricole occupe une place importante dans le Plan National de Développement Economique et Social du Gouvernement (PNDES). À l’instar de plusieurs pays en Afrique de l’Ouest, le contrôle phytosanitaire connaît un regain d’intérêt à cause de la prolifération des ravageurs et des maladies transfrontalières.

Les conséquences sont rudes :

  • Mise en péril des cultures et des denrées stockées
  • Interceptions de produits exportés dues à la présence d’organismes nuisibles réglementés et/ou de quarantaine lors des exportations sur le marché international.

Lors de la mise en œuvre des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), la faible capacité phytosanitaire de la Guinée compromet son aspiration à un meilleur accès aux marchés d’exportation, et donc la contribution de ses produits agricoles à la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays.

Le COLEACP met en œuvre un projet en Guinée, financé par le Fonds pour l’application des normes et le développement du commerce (STDF), qui vise à renforcer les capacités phytosanitaires du pays. Le projet se concentre plus particulièrement sur les chaînes de valeur de la pomme de terre et de la mangue.

La pomme de terre qui constitue l’une des filières les plus structurées souffre également…

La filière pomme de terre enregistre une production de plus de 60 000 tonnes par an, dont 35 000 tonnes sont produites par la Fédération des Paysans du Fouta Djallon. Ce secteur dynamique bénéficie de nombreux avantages tels que l’accès au crédit d’intrants. Cependant, elle souffre encore d’importants problèmes phytosanitaires, d’approvisionnement d’intrants (particulièrement de semences certifiées ou améliorées), de stockage et de transformation qui entravent son développement.

Cette filière est aussi confrontée à des problèmes phytosanitaires préoccupants. Parmi ceux-ci, le mildiou (Phytophthora infestans) : maladie due à un champignon pathogène ; il affecte de nombreuses espèces de plantes et peut prendre des proportions épidémiques dans certaines cultures (vignes ; tomates ; laitue ; courges et pommes de terre). Il sévit presque partout dans le monde là où sont cultivées des pommes de terre et est très souvent cité par les agriculteurs comme la contrainte la plus importante pour cette production.

En Guinée, ce problème se fait déjà sentir, 70% des producteurs n’ayant pas de ressources financières conséquentes, sont alors touché par ce fléau qui inquiète et risque de provoquer une famine du côté des producteurs et une baisse du nombre de produits sur le marché entraînant la hausse des coûts pour les consommateurs.

Après un premier travail d’identification des acteurs de la filière et ses enjeux phytosanitaires majeurs, un atelier organisé dans le cadre du STDF a permis de valider la nécessité de mettre en place un système d’avertissement du mildiou. Afin de développer un système adapté au contexte guinéen, une évaluation préalable des prérequis doit être réalisée. Cette évaluation aura lieu lors d’une enquête plus large ayant pour objectif d’observer et de rassembler les données et les informations utiles à la rédaction d’un Guide de Bonnes Pratiques.

Qu’est-ce qu’un guide de bonnes pratiques (GBP) ?

Ce guide aidera les différents acteurs du secteur de la pomme de terre à produire des cultures dans de meilleures conditions SPS, ainsi qu’à atteindre une qualité commerciale optimale.

Cela passe par l’harmonisation des cahiers de charge actuels avec les normes SPS internationales, les critères de qualité commerciale adoptés par les marchés, l’adoption des Bonnes Pratiques Agricoles (BPA), des Bonnes Pratiques Phytosanitaires (BPP) et des Bonnes Pratiques d’Hygiène (BPH) basées sur la démarche HACCP.

Le guide vise à faciliter à 4 objectifs incontournables :

  • La mise en conformité des pratiques et des produits pour permettre aux professionnels de maîtriser et de répondre aux exigences réglementaires SPS et de qualité commerciale des marchés de destination (nationaux, régionaux ou d’exportation). Dans le cas des pommes de terre guinéennes, les marchés de destination sont essentiellement locaux et régionaux.
  • La reconnaissance du respect des normes et des exigences réglementaires par les autorités compétentes locales et celles des marchés de destination afin de faciliter la certification des produits.
  • Un dialogue ouvert et permanent entre les acteurs privés et publics du secteur. Le guide sera élaboré par et pour les professionnels du secteur qui doivent entretenir un dialogue pour s’accorder sur les méthodes de contrôle et les contrôles internes qui devront être mis en place au sein des entreprises.
  • La mise en œuvre du Guide par le secteur. Le Guide s’adresse en priorité à des lecteurs avertis et qualifiés (notamment ceux qui ont participé à sa rédaction). Des outils pédagogiques doivent être développés pour permettre à tous les acteurs du secteur de mieux comprendre les objectifs, le contenu et les méthodes du Guide (par exemple, HACCP ; l’approche systémique de la lutte contre les nuisibles), et le mode d’emploi doit expliquer comment mettre en œuvre les recommandations étape par étape.

La plus-value d’un système d’avertissement du mildiou.

La plupart des moyens de lutte actuels contre le mildiou sont des fongicides préventifs. Il est donc impératif de connaître la date d’application optimale afin de garantir une lutte efficace contre la maladie et de limiter leur utilisation au strict minimum afin de diminuer les couts économiques et environnementaux. Le système d’avertissement permettrait de prévoir les risques d’infection par le mildiou, appliquer au bon moment et ainsi améliorer la protection de la culture.

La mise en œuvre d’un système d’avertissement renforcerait :

  • les capacités de détection précoce du mildiou,
  • la coordination des interventions et donc leur efficacité
  • l’adoption de mesures de lutte adaptées plus efficaces et durables pour le contrôle des nuisibles

De plus, à long terme, ce système d’avertissement pourrait être utilisé pour d’autres culture comme l’aubergine ou la tomate.

Découvrez le témoignage des membres de la Fédération des Paysans du Fouta Djallon.

Cette activité a été organisée dans le cadre du projet de renforcement du système de contrôle et de certification phytosanitaire en Guinée, financé par le Fonds pour l’application des normes et le développement du commerce (STDF) et mis en œuvre par le COLEACP.