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Message de début d’année du Délégué Général

Le rêve européen : de «réalité virtuelle» en «virtualité réelle»

Fin 2014, après avoir plébiscité “l’Agenda pour le Changement” lors des JED (Journées Européennes du Développement) par la déclaration de Bruxelles “PPP4PPP”, nous écrivions que les pauvres n’avaient pas le temps d’attendre.

En 2015, ils ont pris la route à pied, en “bateau”, sur les épaules de leurs parents, vers le rêve européen, au péril de leur vie.

Ce rêve a pris une dimension différente avec l’essor des TIC dans les pays pauvres. Il s’est transformé de “réalité virtuelle” en “virtualité réelle”; identifiée, géo-localisée et bien plus proche que le paradis.

Il est urgent de donner espoir aux jeunes africains et de transformer cet espoir en réalité pour éviter ces exodes tragiques et ces endoctrinements belliqueux.

Le secteur privé source d’espoir !

Le COLEACP et ses membres sont convaincus que la bonne gestion de leurs affaires participe et doit participer encore d’avantage au bien-être de toute leur communauté. Chaque chef d’entreprise, de la micro-entreprise à la grande multinationale, a une responsabilité dans le développement socio-économique de sa région.

L’Agriculture Africaine cherche son chemin, elle doit se réinventer pour faire face aux défis de la faim et de la pauvreté, et pour nourrir le monde dans un futur pas si lointain.

L’Afrique dispose des principaux atouts pour relever ce défi :

– des terres arables disponibles,
– des marges d’améliorations importantes,
– et surtout des ressources humaines ingénieuses, courageuses et dotées de savoir-faire traditionnel. Le COLEACP a fait le choix de miser sur ces ressources humaines depuis plus de 15 ans.

Le tout, associé à de nouvelles technologies, correspond au concept « d’intensification durable ». L’Europe réinvente aussi son agriculture et son agro-industrie : plus proche de l’homme, plus respectueuse de la nature, ce qu’on pourrait appeler « une désintensification durable ».

Notre organisation, le COLEACP est aux premières loges de ces mutations.

Nos membres historiques, les exportateurs ACP et les importateurs européens s’allient aux Petits Producteurs, à leurs organisations pour fournir un marché international, national et régional en pleine mutation. La grande distribution frappe de plus en plus fortement à notre porte.

De fait, tout le monde s’accorde maintenant à reconnaître que l’agriculture africaine ne parviendra pas à réaliser sa mutation si elle ne parvient pas à intégrer convenablement les petits producteurs à ses chaînes de valeur.

On ne peut en effet pas baser la compétitivité sur la pauvreté. Il faut donc des petits producteurs rentables, des PMEs dynamiques, et des grandes entreprises qui apportent leur technologie, leur savoir-faire et leur capacité d’investissement.

Nous sommes devant une opportunité exceptionnelle de faire progresser ce monde qui explore l’infini de l’espace comme l’infiniment petit, mais n’a pas su éradiquer la faim et l’extrême pauvreté.

Pour la première fois, les grands groupes privés, le secteur public et la société civile s’allient contre ces fléaux. Faisons, ensemble, en sorte que ceci soit une réalité, pas juste une idée. Ne décevez pas les petits producteurs, faites-les rêver et faites de leurs rêves une « réalité réelle » locale et non virtuelle et lointaine. Rêvons local et consommons global !

C’est pour mieux les accompagner dans ce défi quotidien que le COLEACP a conçu le programme “Durabilité & Compétitivité”.

Le COLEACP fait évoluer son approche du soutien aux entreprises agroalimentaires des pays du Sud. Nous avons élaboré un nouveau programme, orienté sur la compétitivité, en ligne avec les objectifs de l’après 2015 et en accord avec les critères de l’Union européenne en matière de soutien au secteur privé.

Afin de poursuivre cette mission, le COLEACP a redéfini sa stratégie, son fonctionnement et la nature de ses missions. A la base de cette réflexion: les observations recueillies par ses experts au cours des missions de terrain, les attentes exprimées par les entreprises agroalimentaires ACP, par les consultants et par les autorités publiques, de même que les lignes directrices établies par l’Union européenne dans sa récente stratégie de soutien au secteur privé des pays en développement.

L’objectif, c’est la compétitivité. Autrement dit: faire en sorte que les compétences techniques acquises par les entreprises leur servent à améliorer leurs performances économiques et, au-delà, contribuent à libérer le potentiel de production agroindustrielle des pays en développement. Le soutien du COLEACP s’étendra donc à l’ensemble du développement entrepreneurial, en incluant des dimensions telles que l’analyse de marché, le marketing, la chaîne du froid, la logistique, la facturation, l’administration, etc.

Cette diversification vise à installer un cercle vertueux pour résoudre le problème principal des PME des pays du Sud: l’accès au crédit. En les accompagnant dans la consolidation de leur pilier économique, le COLEACP contribuera à améliorer leur bancabilité, pour leur faciliter l’obtention de financements auprès des organismes de crédit, et démultiplier ainsi leur développement.

Compétitivité et responsabilité

Rentabilité, compétitivité, bancabilité… certes, mais avec une vision plus large. Pour le COLEACP, la consolidation du pilier économique ne peut se faire qu’en cohérence avec celle des deux autres piliers du développement durable: la contribution au bien-être social et la minimisation de l’impact environnemental. Seule cette triple cohérence favorisera une compétitivité pérenne des filières et des entreprises.

C’est dans cette perspective que la charte de durabilité a été élaborée. Elle est progressivement mise en place, sur base d’un programme de formations destiné à en intégrer les préceptes dans la gestion quotidienne de l’entreprise. Cette charte permet aux entreprises de souscrire à un cadre clair, grâce auquel elles peuvent communiquer leur engagement et leur progression vers le développement durable sans devoir nécessairement investir dans des certifications. Mais, au-delà de ça, le COLEACP l’a conçue comme un outil de gestion, partie intégrante du nouveau programme.

L’expérience du COLEACP a permis de tenir compte à la fois des besoins de ses bénéficiaires et des lignes directrices de ses bailleurs de fonds, principalement de l’Union européenne.

Appel à Partenaires Financiers :

Le Programme Durabilité & Compétitivité initialement conçu pour une période de 7 années et un budget de 80 millions d’euros a, pour le moment, trouvé un premier budget de 20 millions d’euros auprès de l’Union européenne. Afin de mettre tout son potentiel au service du développement, et de suivre les recommandations des évaluations techniques, le COLEACP lancera prochainement un appel à partenaires financiers pour compléter cette première enveloppe budgétaire et atteindre les objectifs initialement fixés.

Nous espèrerons que les institutions y répondront positivement et rapidement.

A bientôt !

Guy Stinglhamber
Délégué Général du COLEACP