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Impacts du Covid-19 sur le secteur horticole au Togo

Les enquêtes menées par le COLEACP dans les premiers mois de la pandémie visaient à recueillir des informations préliminaires sur l’impact de la Covid-19 sur les exploitants d’entreprises horticoles, et à évaluer la meilleure façon de réorienter le soutien en guise de réponse. Il ne s’agissait pas d’enquêtes systématiques, et les répondants qui y ont participé, sur une base volontaire, étaient très différents en taille et en activité. Cependant les résultats fournissent un aperçu qualitatif des principaux impacts de la Covid-19 à ce jour, et ont été utilisés pour informer les priorités du COLEACP et des organisations partenaires pour l’avenir.

Points clés :

  • Toutes les entreprises togolaises participantes ont été touchées par la crise actuelle, qu’elles soient actives sur les marchés locaux ou internationaux.
  • Deux tiers des entreprises ont estimé que leur chiffre d’affaires pour la période mars-mai avait diminué de plus de 50 %; 34 % des entreprises estimant que leurs pertes étaient supérieures à 80 %. 67 % des entreprises participantes ont vu leurs commandes diminuer de plus de 75 %.
  • Aucune des entreprises interrogées n’a dû licencier de personnel permanent, mais un quart des entreprises n’a pas pu employer de travailleurs saisonniers du tout, et un quart a dû réduire les travailleurs saisonniers de 75 %.
  • Certaines aides aux entreprises étaient disponibles : délai dans le paiement des impôts, prolongation des délais de grace pour le remboursement des prêts, et d’une suspension temporaire ou d’une subvention pour couvrir les factures des services publics.
  • La majorité des mesures recommandées par l’OMS dans le cadre de la Covid-19 étaient connues et comprises, mais leur application était plus faible au sein des stations/usines ou unités de traitement. Un soutien sera nécessaire.
  • L’accès au financement et l’accès à de nouveaux marchés et clients potentiels ont été les principaux besoins de soutien identifiés.*

En juin 2020, le COLEACP a mené une enquête pour connaître l’opinion de nos membres et partenaires du secteur horticole togolais sur les impacts de la crise sanitaire et économique actuelle durant la période mars-mai. L’enquête a été réalisée en partenariat avec l’Association nationale pour l’agriculture biologique au Togo (ANA-BIO-Togo). Les 12 entreprises qui ont répondu sont actives dans la production et l’exportation de produits frais, ainsi que dans la transformation des fruits (purées, jus, produits secs). Les entreprises sont pour la plupart impliquées dans plusieurs chaînes de production simultanément : principalement l’ananas (11 entreprises), suivi par la papaye, les mangues et les légumes à feuilles.

La majorité des répondants (53%) vendent leurs produits sur les marchés internationaux, 42% sont actifs sur les marchés locaux et 5% sur les marchés régionaux. La pandémie a eu un impact marqué sur le chiffre d’affaires pour la période mars-mai, 34 % des entreprises estimant les pertes à plus de 80 %, et 33 % des entreprises déclarant des pertes de 50 à 80 %. 33 % des entreprises ont déclaré avoir subi une réduction de la demande du marché de la part de clients potentiels. 67% des répondants ont vu les commandes diminuer de plus de 75% par rapport aux prévisions, et 25% ont vu les commandes diminuer de 25-50%. Une seule entreprise a connu une augmentation des commandes (25-50% de plus).

L’impact sur les prix est moins clair : alors que 36% des entreprises ont déclaré que les prix étaient inférieurs à ceux de la même période (mars-mai) en 2019, 46% n’ont vu aucune différence, et une entreprise a déclaré que les prix avaient augmenté. La plupart des entreprises (67 %) ont déclaré que l’impact le plus important se situait au niveau de la demande de produits frais.
Les trois quarts des entreprises qui ont répondu n’ont pas développé de secteurs de marché alternatifs, mais tentent toujours d’identifier des marchés potentiels. 25% (trois entreprises) ont commencé à transformer leurs produits frais, et ont commencé à vendre davantage sur les marchés intérieurs. Aucune des entreprises n’a accès à une plateforme en ligne pour vendre ses produits.
Le nombre de salariés permanents employés par les entreprises varie entre 2 et 100. Aucune des entreprises n’a eu recours au licenciement de personnel permanent, mais une entreprise a dû fermer pendant plus de 7 jours, et trois autres ont dû encourager leur personnel à prendre des congés. Cependant, l’impact sur les travailleurs saisonniers est évident : seules deux entreprises ont déclaré qu’il n’y avait eu aucun impact sur les travailleurs saisonniers, un quart des entreprises n’ont pas pu employer de travailleurs saisonniers du tout, et un quart a dû réduire les travailleurs saisonniers de 75%.

Toutes les entreprises participantes travaillent avec des producteurs externes, et toutes ont constaté un impact. La majorité des entreprises (83%) n’ont pas été en mesure d’honorer les contrats avec les producteurs.

Les entreprises appliquaient des mesures de protection de la main-d’œuvre contre la Covid-19 (lavage des mains, distanciation sociale, ne pas serrer la main, etc.) et mettaient en œuvre les recommandations de l’OMS, bien que les mesures aient été appliquées le plus efficacement au moment de la récolte, et moins bien appliquées au sein de la station/usine/unité de transformation. Il sera important de continuer à diffuser les recommandations de l’OMS sur les lieux de travail. Les répondants ont également cité certains problèmes, notamment le coût de la mise en œuvre des mesures, le manque de perception de la réalité de la maladie dans certaines régions et les difficultés d’achat de masques et de gels hydroalcooliques.

La majorité des entreprises participantes avaient bénéficié d’un délai dans le paiement des impôts, de délais de grâce prolongés pour le remboursement des prêts et d’une suspension temporaire ou d’une subvention pour couvrir les factures de services publics. Toutefois, deux entreprises n’avaient bénéficié d’aucune mesure d’atténuation financière. En ce qui concerne l’aide pratique du gouvernement, 11 des 12 entreprises n’avaient reçu aucune aide ; une entreprise avait reçu des permis pour transporter des produits vers des sites de commercialisation.
Les suggestions d’aide ont surtout porté sur l’accès au financement et l’accès à de nouveaux marchés et clients potentiels. Les autres domaines comprenaient la formation et l’aide à l’installation de nouvelles unités (en particulier pour le séchage des ananas).