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Impacts de la Covid-19 sur les PME horticoles en Côte d’Ivoire

Les enquêtes du COLEACP dans les premiers mois de la pandémie visaient à recueillir des informations de première main sur l’impact de Covid-19 sur les exploitants d’entreprises horticoles, et à évaluer comment le soutien du COLEACP et d’autres partenaires pourrait être réorienté au mieux en tant que réponse. Il ne s’agissait pas d’enquêtes systématiques – les répondants s’auto-sélectionnaient, et les exploitants qui y participaient variaient grandement en taille et en fonctionnement. Mais les résultats fournissent un aperçu qualitatif éclairant des principaux impacts de Covid-19 à ce jour, et ont été utilisés pour informer les priorités du COLEACP et des organisations partenaires pour l’avenir.

Points clés :

• Toutes les entreprises participantes ont été touchées par la crise actuelle, qu’elles soient actives sur les marchés locaux ou européens.

• Les principaux impacts sont sur la logistique (coût élevé du fret) et sur le travail (réduction de la capacité maximale de travail des lieux de travail en raison de la distance sociale).

• Les entreprises participantes ont vu leur chiffre d’affaires diminuer en moyenne de 10 à 50 %.

• 59% des entreprises ont dû prendre des mesures concernant le personnel permanent, mais seulement 12% ont dû licencier du personnel permanent. 88% des entreprises ont dû prendre des mesures concernant les travailleurs saisonniers, avec une forte baisse du recrutement.

• Une majorité d’entreprises n’ont pas demandé d’aide gouvernementale en raison d’un manque d’informations, de documents et de ressources financières. Parmi les entreprises qui ont fait une demande, la moitié ont reçu une aide.

• La majorité des recommandations de l’OMS sont connues et comprises par les entreprises et leurs travailleurs. Toutefois, certaines mesures Covid-19 ne sont pas appliquées dans les activités quotidiennes, et un soutien est nécessaire pour aider le personnel de récolte et les producteurs à respecter ces mesures.

L’enquête a été réalisée en juin et début juillet par le COLEACP et Intermangue (l’organisation interprofessionnelle de la mangue en Côte d’Ivoire). La majorité des 17 entreprises qui ont répondu sont actives simultanément dans plusieurs chaînes de production, la mangue étant la plus citée (13 entreprises), suivie de l’ananas, puis de la noix de coco. La plupart des répondants vendent leurs produits sur le marché européen (77 %, principalement aux Pays-Bas et en France) ; les 23 % restants sont actifs sur les marchés locaux.

Trois mois après le début de la crise, la majorité des personnes interrogées (70 %) ont déclaré que le chiffre d’affaires subissait des pertes de 10 à 50 %. 18 % des entreprises ont subi des pertes entre 50 et 80 %, et une entreprise a mentionné une perte de revenus de plus de 80 %. Les principaux impacts sont en termes de volume vendu, 71% des entreprises constatant une réduction du volume demandé par les clients ; et en termes de productivité, avec une diminution de la capacité maximale sur le lieu de travail (suite à l’éloignement social) pour 54% des entreprises, et une réduction des heures de travail (suite au couvre-feu) pour 42%.

59 % des répondants ont diminué les produits achetés aux producteurs ; 41 % ont fait état de difficultés à se procurer certains intrants auprès des fournisseurs (emballages, palettes, etc.). 47% des entreprises participantes ont connu une réduction de l’offre logistique, limitant les volumes échangés.

59 % des répondants ont diminué les produits achetés aux producteurs ; 41 % ont fait état de difficultés à se procurer certains intrants auprès des fournisseurs (emballages, palettes, etc.). 47% des entreprises participantes ont connu une réduction de l’offre logistique, limitant les volumes échangés.

L’impact de la crise sur les volumes commercialisés a été important. Pour 80% des entreprises ayant répondu, la diminution du volume demandé par les clients a été la conséquence la plus importante (entre 25% et 75% de diminution du volume). En revanche, 20 % ont connu une augmentation du volume demandé par les clients. En ce qui concerne les prix sur le marché par rapport à la même période en 2019, les réponses des entreprises sont partagées : 38 % ont vu des prix similaires à ceux de 2019, et 37 % ont déclaré que les prix étaient inférieurs à ceux de 2019. Plus de la moitié des entreprises participantes tentent encore d’identifier des marchés potentiels pour leurs produits, et aucune des entreprises n’a accès à une plateforme en ligne pour vendre leurs produits.

En ce qui concerne le personnel permanent, 59 % des entreprises ont dû prendre des mesures au cours du premier semestre 2020. La plus mentionnée est l’arrêt du recrutement de nouveaux employés, suivi d’une réduction des salaires. Deux entreprises ont confirmé qu’elles avaient été contraintes de licencier du personnel permanent : dans un cas, deux personnes, et dans l’autre, trois personnes. 88% des entreprises ont dû mettre en place des mesures concernant le personnel saisonnier au cours du premier semestre 2020. Pour une majorité d’entre elles, le recrutement de travailleurs saisonniers a diminué de 25 % par rapport à la saison 2019.

La majorité des entreprises (88 %) travaillent avec des producteurs externes et ont constaté un impact significatif sur l’approvisionnement. Les principales difficultés ont concerné le volume de l’approvisionnement, avec une diminution des commandes, et les difficultés des producteurs à fournir les volumes initialement prévus.

Les recommandations de l’OMS les plus transmises aux sous-traitants, et les plus comprises par les employés, sont d’éviter tout contact étroit et de se laver les mains fréquemment. Dans la station, les mesures sont appliquées par 71% en moyenne, contre 63% au moment de la récolte, et moins de 69% ont transmis des mesures aux sous-traitants. Les difficultés empêchant la mise en œuvre des mesures Covid-19 comprenaient l’obtention de fournitures de masques faciaux, le coût de la mise en œuvre de certaines mesures pour les tiers et la difficulté d’éloigner les moissonneuses d’un mètre lors de leur transport.

En ce qui concerne la connaissance de l’aide gouvernementale, les répondants sont assez équitablement répartis : 53 % sont conscients de l’aide gouvernementale pour soutenir le secteur, tandis que 47 % disent ne pas en avoir connaissance. Les entreprises ont mentionné le Fonds de Soutien aux PME (FSPME), le Programme d’Appui Financier aux Coopératives et Producteurs, et le Fonds d’Appui Economique de l’Etat ivoirien dans le cadre de Covid-19. Cependant, la majorité des entreprises qui étaient au courant de ces aides n’en avaient pas fait la demande. Les raisons invoquées étaient notamment les difficultés à obtenir les documents demandés, le manque de ressources financières, l’absence de support d’information, et le fait que l’aide proposée est destinée aux coopératives et aux producteurs, et non aux exportateurs. Sur les 22 % d’entreprises qui avaient demandé une aide, 50 % ont déclaré qu’elle avait été accordée.

Une grande partie des répondants ont demandé une aide financière. En outre, certains souhaitaient la poursuite des activités de formation, notamment sur Covid-19. Faciliter l’accès au marché reste une demande importante des entreprises. Parmi les autres suggestions, citons un système de soutien pour aider à obtenir un financement gouvernemental ; le soutien des discussions interprofessionnelles entre producteurs et exportateurs, notamment sur les prix de la prochaine campagne sur les mangues ; et le lancement d’une plateforme interprofessionnelle pour suivre l’évolution des marchés (européens et autres).

Téléchargez l’intégralité des résultats de l’enquête sur l’impact de la Covid-19 sur les PME horticoles en Côte d’Ivoire : COVID19 – ENQUÊTE COTE DIVOIRE