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Impacts de la Covid-19 sur le secteur horticole au Mali

Les enquêtes menées par le COLEACP dans les premiers mois de la pandémie visaient à recueillir des informations au sujet des impacts de la Covid-19 sur les exploitants d’entreprises horticoles, et à évaluer de quelle manière réorienter le soutien en guise de réponse à cette crise.

Il ne s’agissait pas d’enquêtes systématiques – les participants se sont auto-sélectionnés et l’éventail d’exploitants qui y ont participé était très varié en terme de grandeur et d’activité. Néanmoins, les résultats fournissent un aperçu qualitatif éclairant des principaux impacts de la Covid-19 à ce jour, et ont été utilisés pour cerner les priorités du COLEACP et des organisations partenaires pour l’avenir.

Points clés :

  • Les cinq entreprises participantes ont toutes été touchées par la crise actuelle.
  • Dans les cas les plus critiques, les entreprises ont été confrontées à une diminution de leur chiffre d’affaires de plus de 80%.
  • Toutes les entreprises interrogées ont dû prendre des mesures impactant leur personnel permanent : une des entreprises a dû licencier du personnel, tandis qu’une autre a dû réduire les salaires et une troisième encore n’a pas pu payer ses employés. Toutes les entreprises ont dû prendre des mesures impactant leurs travailleurs saisonniers, impliquant une forte baisse dans le recrutement.
  • Toutes les entreprises étaient au courant des aides gouvernementales dont elles pouvaient bénéficier. l’une d’entre elles a bénéficié d’une aide (soutien à la formation et à l’obtention d’équipements de santé et de sécurité).
  • Presque toutes les recommandations de l’OMS sur la santé et la sécurité (Covid-19) étaient connues et comprises par les entreprises et leurs travailleurs ; il serait néanmoins possible de mieux garantir le respect des mesures par le personnel chargé de la récolte.
  • Les participants ont souligné le besoin de soutien par la formation, en particulier sur la Covid-19, la défense des intérêts du secteur auprès des importateurs et la facilitation de l’accès au marché et au financement.

Entre le 26 juin et le 21 juillet, le COLEACP a mené une enquête pour connaître l’opinion de ses membres et partenaires sur les impacts de la crise sanitaire et économique actuelle sur le secteur horticole au Mali. L’enquête a été réalisée en partenariat avec l’organisation professionnelle de la mangue (Interprofession de la filière Mangue du Mali, IFM-Mali).
Cinq entreprises membres de l’IFM-Mali ont répondu à l’enquête. Quatre de ces 5 entreprises opèrent dans le secteur de la mangue fraîche et certaines commercialisent également de la mangue séchée ainsi que d’autres fruits secs. Toutes les entreprises interrogées vendent leurs produits exclusivement sur les marchés européens, principalement aux Pays-Bas, en France et en Allemagne.

Les impacts les plus intenses se sont fait sentir sur la logistique, en raison des coûts de fret élevés et de la perturbation de la logistique intérieure, notamment avec les couvre-feux. L’impact sur le chiffre d’affaires, 4 mois après le début de la crise, a été négatif pour toutes les entreprises. Trois entreprises ont subi des pertes de 10 à 50 % de leur chiffre d’affaires alors que les deux autres ont enregistré des pertes de plus de 80 %. Les quatre entreprises ayant répondu à la question sur les commandes ont toutes vu leur nombre de commandes diminuer. Deux de ces entreprises ont déclaré que leurs commandes avaient été réduites de plus de 75 %.

Toutefois, trois sociétés ont déclaré que les prix étaient comparables à ceux enregistrés pour la même période en 2019, une seule société ayant déclaré des prix inférieurs à ceux de 2019. La moitié des répondants (deux sur quatre) essaient actuellement d’identifier des marchés potentiels pour vendre leurs produits. Une des entreprises ne cherche pas de nouveaux marchés. La dernière s’est installée sur un marché sous-régional (Maroc).

Aucune entreprise ayant répondu à l’enquête n’avait accès à une plateforme en ligne pour vendre ses produits.
Les cinq entreprises interrogées ont dû prendre des mesures impactant le personnel permanent : une des entreprises a dû licencier une partie de son personnel permanent, tandis qu’une autre a dû réduire les salaires et une troisième encore n’a pu continuer à payer ses employés. Trois des entreprises ont cessé de recruter de nouveaux employés. Une seule des entreprises a embauché du personnel permanent supplémentaire.

Toutes les entreprises ont dû prendre des mesures impactant leurs travailleurs saisonniers, impliquant une forte baisse dans le recrutement : 80% des entreprises ont dû réduire le nombre d’employés embauchés de 25% à 75% par rapport à 2019. Une seule entreprise a embauché davantage de travailleurs saisonniers.

L’impact sur l’approvisionnement auprès des producteurs externes a été important : trois des entreprises ont constaté une diminution du volume de mangues fraîches achetées auprès de producteurs externes.

Les entreprises ont appliqué les mesures de protection pour leurs travailleurs contre la Covid-19 (lavage des mains, distanciation sociale, etc.) et mettaient en œuvre les recommandations de l’OMS, bien que les mesures aient été moins bien appliquées pendant la récolte, qui est effectuée par un sous-traitant chez la plupart des participants. Parmi les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des mesures de sécurité, on peut citer le manque de moyens financiers et la capacité à respecter une distance sociale d’au moins 1 mètre.

Quatre d’entre les cinq entreprises étaient au courant de l’aide gouvernementale destinée à soutenir leur secteur. cependant, seule une entreprise avait introduit une demande auprès des autorités. Cette demande de soutien pour la formation et pour l’obtention d’équipements nécessaires (gel hydroalcoolique, masques, …), avait été accordée.

Les entreprises qui ont participé à l’enquête ont souligné un besoin de formation, notamment au sujet de la Covid-19, ainsi qu’un besoin de défendre les intérêts du secteur auprès des importateurs. Ils ont également manifesté leur intérêt pour un soutien pour l’accès au marché (identification de nouveaux clients/marchés) et au financement, ainsi qu’un soutien technique pour l’obtention de la certification (GLOBALG.A.P. et BSCI). Une assistance pour obtenir l’équipement nécessaire pour se conformer aux mesures de santé et de sécurité a aussi été mentionné.