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Biocontrôle : Opportunités et défis pour l’horticulture tropicale

Allocution du COLEACP lors de l’ABIM 2021

Les 19 et 20 octobre, le COLEACP a participé à la 16e réunion annuelle de l’industrie du biocontrôle (ABIM) à Bâle, en Suisse. Pendant ces deux jours, 970 participants de 44 nations ont pu nouer des contacts en face à face, ainsi qu’écouter des présentations et des débats inspirants. Tant les PME que les grandes entreprises étaient bien représentées.

Le programme d’ABIM 2021 comprenait une table ronde modérée par un journaliste, à laquelle ont participé des leaders de l’industrie du biocontrôle, des transformateurs alimentaires, des ONG et des chercheurs, sur la manière dont le biocontrôle contribuera à transformer l’agriculture. Edouard Lehmann, responsable de la recherche et de l’innovation au COLEACP, a prononcé un discours sur le rôle du biocontrôle dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).

L’agriculture tropicale est confrontée à des défis croissants avec le changement climatique et la forte pression des ravageurs. Les réglementations, les marchés et la demande des consommateurs évoluent, et de nouvelles initiatives internationales telles que le Green Deal de l’UE et la stratégie Farm to Fork appellent à une transformation vers des systèmes alimentaires plus durables qui incluent également les pays ACP. La transformation de l’agriculture ne se fait pas en une seule étape, c’est une transition qui nécessite une combinaison de solutions innovantes. Le biocontrôle en fait partie et peut favoriser la transition vers une agriculture plus durable.

Contexte et défis pour l’IPM

La lutte intégrée contre les ravageurs (IPM) a encore un potentiel inexploité. Le biocontrôle peut fournir les outils pour de nombreux éléments de l’approche IPM en offrant des technologies pour la surveillance et le contrôle biologique/chimique des nuisibles. Le biocontrôle peut favoriser l’alerte précoce, une meilleure compréhension de la pression et de la dynamique des ravageurs, et une plus grande efficacité grâce à des interventions opportunes. Il peut également fournir des options alternatives de contrôle des nuisibles/maladies qui sont plus sûres pour les opérateurs et l’environnement.

Le COLEACP a également présenté les résultats de son enquête 2019 sur les problèmes de production/protection des cultures dans l’horticulture ACP. Les 110 répondants ont notamment souligné le manque de technologies de protection des cultures efficaces et abordables qui soutiennent la conformité aux exigences des marchés internationaux. Bien que le biocontrôle soit accueilli comme une alternative potentielle, les coûts associés, et le manque de capacités locales pour l’homologation et la distribution dans les zones tropicales, entravent encore l’intégration des approches de biocontrôle.

Edouard Lehmann a rappelé que même s’ils sont moins toxiques et ne laissent pas de résidus, les biocontrôles doivent être homologué localement. Davantage d’investissements sont nécessaires dans ce domaine – de la part du secteur privé, pour augmenter l’offre de technologies homologuées ; et de la part du secteur public, pour adapter les processus d’homologation qui sont souvent basés sur des approches d’évaluation chimique plutôt que d’être adaptés au biocontrôle.

Solutions pratiques

La COLEACP est investi dans ce travail, en soutenant la recherche sur le terrain pour accélérer l’homologation de solutions efficaces pour lutter contre les ravageurs et les maladies prioritaires grâce à son programme Fit For Market SPS. Depuis 2019, 18 essais (mangue, maïs doux, légumes-feuilles, poivron, etc.) ont été mis en œuvre. Les données générées seront utilisées pour homologuer six solutions de biocontrôle dans plus de 10 pays. En outre, le COLEACP, via ses programmes, soutient le renforcement des capacités en élaborant des brochures et des guides techniques, ainsi qu’une base de données en ligne sur les bonnes pratiques agricoles (e-GAP).

La participation à l’ABIM a également permis au COLEACP de rencontrer des fabricants de technologies innovantes et d’établir des contacts afin d’explorer les possibilités d’intermédiation en matière d’innovation dans les régions ACP.

Ces activités sont soutenues par le programme Fit For Market SPS, mis en œuvre par le COLEACP dans le cadre de la coopération au développement entre l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) et l’Union européenne.